• Buick LeSabre : laboratoire expérimental roulant


    Harley Earl est à GM ce que Raymond Loewy est à Studebaker. Un designer de talent. Après le succès du concept car Y-Job, Earl se lance dans un second concept car. Son nom : LeSabre.

    Buick Le SabreInspirée du chasseur à réaction F86 Sabre, ce concept est un véritable laboratoire expérimental. Il est présenté, sous pavillon Buick, au Motorama et au Salon de Paris en 1951 avec sur ses ailerons des petits drapeaux américains et français entrecroisés.

    Deux types de carburant

    Buick Le Sabre

     

    L ‘ avion de chasse reçoit une carrosserie en aluminium et magnésium. Elle est bien évidemment propulsée par un unique moteur V8, 3,5 litres de 335 ch, alimenté par un compresseur et deux carburateurs qui délivrent deux carburants, dont du méthanol servant d’antidétonant à haut régime comme sur les avions de chasse de la seconde guerre mondiale.

    1951 Buick LeSabreLe concept LeSabre est long de 5,10 m et large de 1.95 m possède un ovale à ouverture électrique, le « jet intake » au centre de son capot dans lequel sont logées les optiques. Le fameux pare-choc dagmar, en référence à une présentatrice vedette de l’époque… sera repris sur les Cadillac de 1957 à 1959. A l’arrière du véhicule, les dérives verticales sont inspirées par le chasseur F86.

    Un altimètre issu de l’aéronautique

    gm_lesabre_concept_car_23La LeSabre car est pour Harley Earl son chef d’œuvre. Il l’utilisera à titre personnel durant deux ans avant de se lancer un autre défi : la Corvette.

    Harvey Earl dans sa Le Sabre qu’il utilisera à titre personnel pendant 2 ans.

    A l’intérieur, l’équipement est aussi emprunté à l’aviation avec des sièges garnis d’un tissu chauffant comme ceux des pilotes de bombardiers. Dans le tableau de bord, le compteur de vitesse est un disque rotatif qui affiche la vitesse. Pour accentuer son esprit aéronautique, la voiture possède parmi ses instruments de bord un altimètre. L’auto possède également un système de crics hydrauliques soulevant la voiture pour les changements de roue.

    Les crics hydrauliques de la Buick Le Sabre

    Les crics hydrauliques de la Buick Le Sabre

    Un capteur de pluie pour la capote

    Autre innovation, le mécanisme de la capote est électrique et possède un capteur de pluie. Larry Faloon, à l’époque au bureau du style, se rappelle « avoir vu la voiture garée au golf-club où jouait Harley Earl et des enfants courir vers la piscine pour rapporter des verres d’eau qu’ils jetaient sur la capot pour déclencher la fermeture de la capote ».

    La gamme Buick Le Sabre de 1959

    Après avoir sabré le champagne avec ce magnifique concept, General Motors donne le nom LeSabre à une Buick de série à compter de 1959. Un modèle tout aussi long mais moins innovant.

     

     

  • GM Futurliner : L’Eléphant rouge Roi de la parade


    En 1939, Harley Earl, père de la Corvette, supervise pour General Motors la conception d’un bus avant-gardiste destiné à promouvoir le groupe à  l’Exposition universelle : le GM Futurliner.  Plusieurs de ces bus seront utilisés ensuite pour la Parade du Progrès de 1940  puis celle de 1953.pop4-0689-resized-600

    Un projet nommé : Parade du progrès

    Qu’est-ce que la « Parade du progrès »  me direz-vous ? GM utilise ce véhicule pour une exposition itinérante, appelée “Parade of Progress”, où sont présentés des objets innovants tels que les téléviseurs, radars, moteurs d’avion, micro-ondes, … on doit cette Parade du Progrès au directeur de recherche de GM, Boss Kettering Charles.

    La "Parade of Progress"

    La “Parade of Progress”

    La parade commence en 1936, avec huit camions Streamliner construits à cet effet, remplacés en 1941 par les Futurliners. Douze Futurliners sont construits au total. L’exposition itinérante s’arrête pendant la Seconde Guerre mondiale, mais est relancée en 1953 avec des bus restaurés.

    Huit bus Art déco de 400 ch

    Le GM Futurliner est « propulsé » par un 400 ch qui ne dépasse pas les … 65 km / h. En effet, long de 10 mètres et haut 3,5 mètres, ce drôle d’engin fuselé pèse 15 tonnes.

    Parade of ProgressL’extérieur de chaque Futurliner est habillé de détails Art déco grâce au talent du designer Robert E. Bingman. Chaque camion a huit roues, quatre sur chaque essieu. Chaque jante fait 20 pouces, entourée d’ un pneu sur mesure US royal à bande blanche du plus bel effet.

    La large bande de chrome balayée autour de chaque véhicule, fait allusion à la technologie, tandis que la forme aérodynamique est caractéristique du design américain de l’époque. Les concepteurs ont également été inspirés par le bombardier Boeing Flying Fortress lancé en 1935, et incorporé un dôme de verre pour la cabine.

    28b0d8268b59388a31e2a39237cbbd27Un motif graphique blanc ailé met en valeur le lettrage GM sur le nez du camion. La couleur et la vitesse de pointe timide du bus lui vale le  surnom d’ Eléphant rouge.
    1950 General Motors Futurliner Parade of Progress Tour Bus 4Bien que chaque véhicule soit énorme, il ne contient que des sièges pour trois personnes. « Le pilote » accède au haut du cockpit par une porte avant et un escalier, situés près de la roue avant droite. Le conducteur est assis au centre, sur une chaise rembourrée en deux tons chaux et vinyle vert. Une banquette pour deux est située à l’arrière de la cabine.1939_GM_Futurliner_For_Sale_Inside_resize

    Un bus couteau suisse à 4 000 000 $

    cars-period-futurliner-3-800x533L’étroitesse de l’intérieur vient du fait que la majorité de l’espace est  destiné à l’exposition. Chaque Futurliner présente une nouvelle technologie.

    Le côté du véhicule comprend deux portes à commande électrique qui s’ouvrent pour donner accès à l’exposition présentée à l’intérieur du bus.

    Le toit s’ouvre également et est composé de spots alimenté par un générateur portable. Chaque véhicule est aussi équipé d’ un système de sonorisation puissant.

    teaserbox_44600089Neuf Futurliners existent encore aujourd’hui. Un d’entre eux  a été mis en vente aux enchères en 2006 et a atteint la somme de 4.000.000 $. Inutile de rappeler qu’un éléphant ça coûte énormément.

     

  • Harley J. Earl : père de la Corvette


    Harley J. Earl. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose et pourtant cet homme est le père de nombreux chefs d’oeuvre de l’automobile à commencer par la première Chevrolet Corvette ou la Cadillac Eldorado.

    Harvey J. Earl

    Harley J. Earl (1893-1969)

    Styliste automobile américain, il a créé le premier studio de style d’un constructeur automobile et est devenu vice-président de la General Motors de 1937 à 1959. Harley Earl sera celui qui imposera les fameux ailerons des voitures américaines des années 1950.

    Baigné dans l’automobile dès son plus jeune âge

    Le père de Harley Earl commence par construire des carrosses en 1889 et fait évoluer son activité au fur et à mesure que le secteur de l’automobile se développe. C’est en 1908 qu’il fonde la société Earl Automotive Works qui se consacre à la production de carrosseries sur-mesure pour les stars hollywoodiennes de l’époque.

    Harley Earl interrompt rapidement les études qu’il avait entreprises à l’université de Stanford pour rejoindre la compagnie de son père et s’y former. Il finira par prendre naturellement la succession de la direction.

    De Earl Automotive Works à Cadillac

    Maquette en pâte à modeler

    Maquette en argile

    En 1925, la société de Harley Earl se fait rachetée par un distributeur Cadillac qui maintient Harley à la direction de l’atelier de carrosserie. A cette occasion, il rencontre régulièrement Lawrence P. Fisher, le Manager Général de la division Cadillac. Fisher, est impressionné par les réalisations et la méthode de travail de Harley, qui utilise de la pâte à modeler, pour ses études de lignes de carrosserie.

    L’homme fort de la section Art and Colour

    Cadillac LaSalle - 1927

    Cadillac LaSalle – 1927

    Earl entre à la General Motors en 1925. Très vite son coup de crayon produit ses effets avec la magnifique  Cadilac LaSalle en 1927. Cette réalisation connait un franc succès, si bien que le Président de la General Motors l’engage à la tête d’un service créé sur-mesure pour lui, la section Art & Colour.

    Plus de dix ans plus tard une autre auto fait parler d’elle : la Buick Y-Job. C’est le premier concept car dont objectif est de déterminer si le public est prêt à accueillir de nouvelles lignes et de nouvelles idées.

    Buick Y job

    Buick Y job – 1937

    Précurseur, il introduit la peinture au chrome et l’utilisation de l’argile pour la conception de ses modèles. Pourtant le design n’est donc pas une priorité pour les mentalités de l’époque. Malgré les réticences des cadres et ingénieurs de la General Motors, le service Art & Colour réussit en 10 ans à récupérer jusqu’à 50 % du marché automobile.

     

    La vice-présidence de la GM et un concept : l’obsolescence dynamique

    En 1937, Harley Earl est promu Vice-Président de la General Motors. Avec le président, Earl met de nouvelles façon de faire et de penser en place qui vont révolutionner l’industrie automobile et seront finalement adoptée par l’ensemble des principaux constructeurs mondiaux.

    L’obsolescence dynamique : un concept marketing selon lequel la compagnie va lancer un nouveau modèle par an et qui permettra au groupe de gagner des parts de marché. C’est ainsi que General Motors crée le fameux salon de l’auto itinérant : Motorama GM de 1953 à 1961. Il a pour vertu de présenter toutes les nouveautés et concept cars du groupe. Un choix judicieux qui se reflète immédiatement dans le nombre de ventes de voitures. Ainsi verront naître des concept cars très novateurs comme la la Buick LeSabre en 1951, qui sera pendant deux ans la voiture personnelle d’Harley Earl, la Odlsmobile Golden Rocket en 1956, ou encore la série des Firebird avec leurs moteurs à turbine à gaz inspirés par le monde de l’aéronautique.

    GM Buick Le Sabre - 1951

    GM Buick Le Sabre – 1951

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    Oldsmobile Golden rocket – 1956

    Firebird III avec son moteur à turbine à gaz

    Firebird III avec son moteur à turbine à gaz – 1959

     

     

     

     

     

    Un univers des fusées omniprésent qui favorisera la naissance du concept  des ailerons de Cadillac : les fameux tail fins.

    Cadillac Eldorado - 1959

    Cadillac Eldorado – 1959

    Harley Earl n’hésite pas également à féminiser les bureaux de style pour être au plus près des attentes des clients. Une révolution. Avec Earl fini la voiture noire de Tonton Ford, les intérieurs s’habillent aussi de couleurs.      

    Et en 1953 naquit la Corvette

    En janvier 1953, Earl sort de l’usine la Chevrolet Corvette, une voiture en fibre de verre, choix totalement novateur pour une voiture de série. Dès sa présentation la Chevrolet Corvette surprend par la beauté de son design. Présentée au Motorama GM dans les salons du prestigieux hôtel Waldorf Astoria de New York, la Corvette fait sensation parmi des dizaines de show cars illustrant le futur de l’automobile américaine.

    Chevrolet Corvette au motorama de 1953

    Chevrolet Corvette au Motorama de 1953

    Pourtant ce petit roadster n’a pas une base mécanique des plus innovantes. Châssis de Chevrolet Bel Air raccourci, six cylindres ” Blue flame” de 150 cv, boîte auto 2 rapports.  Devant l’enthousiasme des visiteurs, Général Motors décidé de lancer une petite production de 300 exemplaires. Le processus de fabrication de l’usine de Flint reste très artisanal. La Corvette est tout d’abord livrée couleur Polo white avec intérieur en Skaï rouge. Les couleurs noir, bleu et rouge sont proposées à partir de 1954. Bien vite, sous l’impulsion de l’ingénieur Duntov, un V8 est installé pour en faire une vraie voiture de sport et une des plus grandes réussites du 20ème siècle tant par son côté visionnaire que stylistique.

    Une fin de carrière innovante jusqu’au bout

    Mais en 1957  Harley Earl perçoit un changement de production à opérer et veut s’orienter vers les petites voitures, telles que la Volkswagen Coccinelle et les petites japonaises, qui inondent alors le marché. Earl n’est pas soutenu par les ingénieurs et cadres de la GM qui considèrent que cette orientation n’est pas pertinente.

    Il quitte alors General Motors en 1958 non sans lancer un dernier concept Car et une innovation : la Cadillac Cyclone. Cette dernière a comme particularité de disposer d’un radar anti-collision. Ca ne vous rappelle rien ?

    Cadillac Cyclone - 1959

    Cadillac Cyclone – 1959

     

     

     

     

     

  • Lincoln Indianapolis 1955 Boano : orange mécanique


    Les années 50 ont eu le mérite d’apporter leurs lots annuels de concept cars comme en témoigne la page Motorama de la Gazette d’Hector. Les américains ont été très productifs et force est de constater  que cette Lincoln Indianapolis de 1955 ne ressemble  à nul autre pareil.
    lincoln-indianapolis-1955-boano-00-avantAu début des années 50, les constructeurs américains n’hésitent pas à travailler avec les grands carrossiers italiens pour leur concept cars. Ainsi en 1955, Ford demande à Boano d’habiller un chassis de Lincoln 55. Le résultat futuriste et aéronautique est typiquement américain : chrome, fuselage ostentatoire, intérieur design.

    Lincoln à l’épreuve de l’école italienne

    Mais qui est donc ce Felice Mario Boano ? Designer chez Ghia pendant 9 ans, on lui doit la Lancia B20 ou la Fiat 1100.  Parallèlement, au début des années 50, Chrysler fait carrosser plusieurs concepts cars chez Ghia. Boano se fait remarquer.

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    Il ouvre ensuite à Turin sa propre carrosserie en 1953. Ford le contacte pour lui proposer de travailler sur un concept car. Avec ce projet, Boano joue la surenchère avec une face avant imposante. Les phares superposés aux extrémités encadrent une moustache chromée remplaçant la calandre et surplombant une large prise d’air quasiment invisible.

    1955_Lincoln_Indianapolis_Concept_by_Boano_008_8512Le pare-brise et la lunette panoramiques sont très tendances à cette époque. L’habitacle est très gracieux, grâce à l’encadrement supérieur de la portière et au panneau de custode triangulaire.

    Inspiration aéronautique encore et toujours

    Les faux échappements latéraux ne font que renforcer le style de la voiture qui nous en met plein la vue. Un avion de chasse ! Comme sur les autres concepts présentés sur la Gazette d’Hector, les lignes de la voiture sont fortement inspirées  par l’aéronautique. 
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    Côté mécanique, le V8 culbuté de 341 ci développant 225 ch de série est relié à une transmission automatique 4 vitesses.

    Devant le pare-brise panoramique, le volant et la colonne de direction sont ceux de la Lincoln 1955 de série.

    Planche de bord très travaillée

    lincoln-indianapolis-1955-boano-07-planche1La planche de bord est masquée par un large volet décoré des lettres stylisées du mot Indianapolis. Il s’escamote vers le bas grâce à un bouton. Les cadrans et les commandes sont, là encore, largement inspirés de l’aéronautique.

    La face arrière, semblable à la face avant,  comprend des modules verticaux incorporant les feux arrière et les échappements fonctionnels.

    Les pneus à flancs blancs sont à demi recouverts par des passages de roues descendant très bas comme cela se faisait à l’époque.

    Poussière et résurrection

    lincoln-indianapolis-1955-boano-10-plein-arrAprès avoir été exposée au Salon de Turin, l’Indianapolis est expédiée aux Etats-Unis. Henry Ford , offre la voiture à l’acteur Errol Flynn, le chanceux. Au début des années 60, elle est détériorée par un incendie, puis change de main plusieurs fois, est partiellement restaurée dans les années 70 avant d’être entreposée pendant 20 ans. Au début des années 2000, elle subit une profonde restauration et reçoit sa teinte orange actuelle.

    La voiture est actuellement côté 1.550.000 dollars. Un exemplaire unique qui fera parler de Lincoln comme d’un constructeur très original dans  la production de concept cars. Un constructeur qui refera parler de lui quelques années plus tard avec la fameuse Batmobile des années 60. De quoi susciter des réactions !lincoln-indianapolis-1955-boano-04-echappements

  • BMW 507 : le King en guise de légende


    Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’industrie allemande n’est pas au mieux de sa forme. BMW mise beaucoup sur la moto alors  la branche auto souffre. Au milieu des années 50, l’entreprise munichoise prend le taureau par les cornes et se lance dans la fabrication d’un roadster sportif très haut de gamme. La BMW 507, produite avec grand soin, au compte-gouttes, va ainsi devenir l’un des modèles les plus légendaires de la marque.

    Une ligne italienne pour un prix exorbitant

    C’est en novembre 1956 que démarre la production du roadster BMW. Il est l’œuvre d’Albrecht Goertz dont la ligne est digne des meilleurs carrossiers italiens du moment. Goertz, dessinateur industriel allemand exilé aux USA, fût élève de Raymond Loewy, le célèbre designer Franco-américain à qui l’on doit notamment le dessin des Studebaker.

    Au Salon de Berlin 1955, la BMW 507 est présentée en guest sur le stand

    Présenté au monde en septembre 1955 au salon de l’automobile de Francfort,au salon de New York puis à Berlin, le roadster 507 requiert tous les suffrages. Il a pour ambition de rivaliser sur le marché américain avec les légendaires Mercedes-Benz 300 SL, Ford Thunderbird, Chevrolet Corvette C1, et autres Ferrari.
    Cabriolet biplace de 4,38 m, la 507 est un canon de beauté. Flancs tendus, avant rebondi et arrière fuyant, c’est un symbole de puissance et de vitesse. Elle séduit un public aisé, voiture des stars et des princes, avec un prix astronomique de 5 millions de francs en 1955 (oups).

    bmw_507Les prévisions de vente sont de 1000 unités par an mais  la diffusion reste confidentielle avec 253 exemplaires dont une dizaine en France et 2 prototypes. Le tarif est à mettre en regard de celui de la Mercedes-Benz 300 SL, nettement plus puissante, et le double d’une Jaguar XK 140. L’erreur que BMW commet est sans doute de ne pas s’engager en compétition automobile pour porter la carrière commerciale de son bolide. BMW jette l’éponge en 1959 pour éviter  la faillite. Les pertes s’élèvent à 15 millions de Deutsche Mark.

    Un V8 pour une vitesse de pointe de 217 km/h

    BMW507CoupeEt pourtant sur le papier tout se présente bien. La carrosserie est façonnée en aluminium de façon artisanale. Le cabriolet est motorisé par le premier  moteur V8 de la marque, avec 3,2 Litres de cylindrée, poussé à 150 chevaux par deux carburateurs Solex, pour une vitesse maximum annoncée de 217 km/h. Malgré des chiffres qui paraissent aujourd’hui assez quelconques, le moteur fait preuve d’une certaine modernité qui permet à BMW de démontrer ses talents de motoriste.

    1280px-BMW_503_2012-09-01_13-54-42Le V8 munichois se démarre via un bouton-poussoir situé sous la clé de contact. A l’usage, ce V8 se distingue par des performances de très bon niveau : 0 à 100 en 11″ aidé par un poids relativement peu élevé de 1300 Kg. L’habitacle est intégralement habillé de cuir.  Le compte-tours et l’indicateur de vitesse sont posés derrière le grand volant blanc à quatre branches sont magnifiques. La BMW 507 se distingue à l’époque par une excellente répartition des masses, un centre de gravité bas et une direction très précise. Taillée pour l’Amérique, la BMW 507 offre aussi un grand confort de roulement. Les sièges n’ont que peu de maintien mais sont très confortables. Dans la production locale, seule la Corvette vient concurrencer la BMW et pour beaucoup moins cher.

    Une voiture de légende adoptée par le King

    Elvis Presley et sa BMW 507 blanche qu'il fera repeindre en rouge.

    Elvis Presley et sa BMW 507 blanche qu’il fera repeindre en rouge.

    De nombreuses stars du spectacle de l’époque en possèdent une dont Alain Delon et Elvis Presley. Ce dernier en achète une blanche en Allemagne entre 1958 et 1960, durant son service militaire à la base américaine de Ray Barracks à Friedberg. Il la fait même repeindre en rouge, agacé de devoir nettoyer en permanence les traces de messages laissées sur la carrosserie au rouge à lèvres ! A la fin de son service militaire, la star abandonne la 507 en Allemagne. L’armée américaine va se charger de transporter le véhicule aux Etats-Unis où il débute une nouvelle vie mouvementée. Selon la légende, Elvis l’aurait offerte à Ursula Andress quelques années après son retour aux États-Unis, où elle apparaît dans leur film musical commun L’Idole d’Acapulco de Richard Thorpe de 1963.

    La 507 apparaît également dans l’un des trois films de la trilogie Fantomas d’André Hunebelle. Le modèle utilisé pour le film est la voiture personnelle de Jean Marais, amateur éclairé de voiture de sport et de BMW en particulier.

    La BMW d'Elvis adjugée 1 650 000 dollars à New York

    La BMW d’Elvis adjugée 1 650 000 dollars à New York

    BMW aux petits soins

    Mise en vente sur le marché de l’occasion, elle trouve refuge chez un animateur radio peu précautionneux. Un nouveau propriétaire se porte alors acquéreur en 1968 avec la volonté de la restaurer… Enfin retrouvée, dans un état de délabrement avancé et sans son V8 de 150 cv, la BMW 507 d’Elvis est finalement vendue aux enchères en 2014 à New York, 1 650 000 dollars ! L’acquéreur n’est autre que BMW Group classic.

    La BMW 507 d’Elvis restaurée

    L’entreprise va alors, pendant 2 ans, entreprendre un travail de restauration magnifique. Elle lui redonne sa couleur d’origine, le blanc avec un décapage à l’acide complet de la carrosserie. La sellerie a été refaite. Les manivelles des vitres et poignées de portes sont réalisées en impression 3D. Le V8 est reconstitué à l’aide de pièces détachées d’origine.

    Des enchères qui s’envolent

    En dépit de son retentissant échec commercial, uniquement dû à son prix astronomique, la BMW 507 reste la voiture plus emblématique de la marque. La plupart des exemplaires aujourd’hui ont été restaurés. Les montants demandés lors des rares transactions atteignent des sommets. A l’instar des Ferrari, sa ligne fantastique la rend aujourd’hui inaccessible.

    En héritage, la 507 aura laissé les ouïes latérales de requin, signe distinctif repris sur les roadsters Z3 et Z8 tout comme ce long capot plongeant vers l’avant. Car en vraie star de ciné elle ne veut pas mourir !

  • Buick Centurion : Veni Vidi Vici


    Dessiné par Chuck Jordan, le concept de la Buick Centurion a été dévoilé au public à l’occasion de l’exposition Motorama de 1956. Ce coupé 4 places est construit en fibre de verre. L’intérieur est conçu comme le cockpit d’ un avion, tendance très en vogue à cette époque (la conquête spatiale est proche).

    Buick Centurion

    Buick Centurion

    Une bulle de toit et un cockpit

    La bulle de toit est assez avant-gardiste dans sa conception. Elle est composée d’un pare-brise hyper panoramique poursuivi par un cockpit en verre et une lunette arrière enveloppante. Les prises d’air de la base du pare-brise sont empruntées, quant à eux, à la Corvette 1956. La ligne de caisse avec ses baguettes latérales chromées est très  aérodynamique. Elle s’étend jusqu’à l’extrémité du capot avant à la base des phares. Ces phares, enfoncés loin derrière le pare-chocs,  font partis de la coque. La peinture bi-ton « Electron Red » est du plus bel effet accentué par des pneus à contours blancs.

    Buick Centurion

    L’avant fuselé, avec des phares encastrés dans les ailes proéminentes, l’ arrière profilé terminé par une tuyère encadrée de deux immenses ailerons lisses lui donne une allure de fusée, un peu à l’image de la Golden rocket d’Oldsmobile.

    La première caméra de recul

    Chose incroyable pour l’époque, une caméra de télévision sert de rétroviseur. Une caméra arrière filme les images du trafic routier et le rapporte sur le tableau de bord par l’intermédiaire d’un écran. La caméra de rétrovision est placée juste au dessus du feu central arrière en forme de tuyère.

    Buick Centurion - Intérieur

    Buick Centurion – Intérieur avec sa caméra centrale

    L’intérieur et les  quatre sièges individuels sont garnis de cuir rouge. Ceux de l’avant coulissant automatiquement lors de l’ouverture des portières pour faciliter l’accès.

    Comme toute américaine qui se respecte, la voiture est mue par un V8 de 325 cv. Un grand nombre des traits esthétiques de la Centurion seront intégrés dès les années suivantes sur les voitures de production des différentes marques de la General Motors.

    Buick Roadmaster Riviera - 1957

    Buick Roadmaster Riviera-1957

    On retrouvera les faux louvers de l’aile arrière sur la gamme Buick dès 1957, la lunette arrière enveloppante sur les Chevrolet 58, les grands ailerons sur les Chevy et Buick 59 par exemple.

    La voiture est aujourd’hui exposée au musée Sloan de Flint, dans le Michigan. En vrai Centurion, elle ne laisse personne indifférent. Elle est venue, on l’a vu, elle nous a vaincu.

     

  • Chevrolet Corvair : la voiture qui “Twist” !


    Il y a dans la saga automobile américaine de  drôles d’histoires. Celle de la Chevrolet Corvair en est une. Produite de 1960 à 1969, cette voiture avec ses 4,37m et son 6 cylindres à plat était la réponse américaine à la Coccinelle. Le concept ? Une voiture courte, populaire à moteur central arrière.

    Chevrolet CorvairOn doit cette voiture à Edward Nicholas Cole. Cet ingénieur de General Motors remarque que les Américains commencent à s’intéresser aux petites voitures européennes et notamment la Cox de Volkswagen. En 1952, Ed Cole devient ingénieur en chef de Chevrolet et peut ainsi donner libre cours à son idée de petite automobile en 1959.

    Les premières Corvair sont dévoilées le 2 octobre. Une nouvelle série, appelée Monza, à la présentation plus sportive arrive en mai 1960. La Corvair, malheureusement, se révèle peu performante avec son moteur de 80 chevaux seulement. Son concept et ses problèmes de jeunesse amènent de sérieux doutes sur sa survie.

    Une voiture survireuse

    En effet, ce modèle de voiture va devenir le cauchemar de General Motors. En effet en 1965, un jeune avocat du nom de Ralph Nader publie un livre sur les dangers de l’automobile américaine et où il blâme notamment la suspension arrière de la Corvair qui provoque de nombreux accidents. La Corvair survire énormément, ce qui est normal compte tenu de son architecture (61,5% du poids repose sur les roues arrière) mais aussi dangereux à haute vitesse. La voiture fait du twist !Corvair

    Un spot de 6 mn pour tout sauver

    General Motors réagit si mal à cette mauvaise publicité d’autant qu’elle avait en projet de modifier complètement les suspensions. Pour contrer ce « Corvair bashing » Chevrolet sort un spot publicitaire de 6 mn (voir en bas d’article) intitulé The Chevrolet Corvair in action ! où la Corvair est mise à rude épreuve. Un épisode contemporain peut être mis en parallèle de cet histoire avec les mésaventures des Smart et Mercedes Classe A à leurs débuts.

    Une gamme Corvair complète

    Corvair Greenbrier

    Corvair Greenbrier

    Et pourtant, en 1961, Chevrolet ajoute de nouveaux modèles à la gamme Corvair comme une familiale et un petit camion, du plus bel effet, avec une porte de chargement sur le côté appelé Greenbrier.

    Corvair décapotable

    L’année suivante une décapotable et deux moteurs plus nerveux font leur apparition.

    La Monza Spyder fait des étincelles avec son six cylindres turbo de 150 chevaux, première voiture au monde à avoir un turbo en série. En 1965 alors que la carrosserie est revue Chevrolet en profite aussi pour revoir complètement la suspension arrière et améliorer celle à l’avant. La carrière de la Corvair stoppera après 9 ans de carrière.
    CorvairSur le marché de la voiture ancienne, la Corvair n’est pas surévaluée, ce qui fait qu’on peut dénicher un modèle en bon état sans se ruiner. Les Corvair les plus prisées sont le Monza Spyder et les décapotables.

    Ironie de l’histoire, l’impétueux avocat qui aura été à l’origine de tous les tracas de la Corvair n’a jamais eu le permis de conduire…

     

    Films publicitaires de la Chevrolet Corvair

  • Oldsmobile Golden Rocket : pour les gentlemen de l’espace


    Peugeot 308, Renault Clio, Volkswagen Golf… telle est donc la vision de l’auto de l’an 2000 de nos constructeurs européens.

    Oldsmobile Golden Rocket

    Oldsmobile Golden Rocket

    En 1956, la marque Oldsmobile du géant Général Motors, propose sa vision de l’automobile de l’an 2000 au travers de son concept car : la Golden Rocket. La fusée dorée. Rien à voir. Quelle créativité, quel régal pour les yeux. Une DS américaine en quelque sorte dessinée par le maître Harley Earl à qui l’on doit notamment la Corvette de 1953. (suite…)

  • Studebaker Avanti : l’auto Art déco


    Bien plus qu’une voiture la Studebaker Avanti est un objet design à part entière. Les avis d’hier et d’aujourd’hui sont tranchés : laide ou belle. Sa production fut éphémère ( 1962-1963), pénalisée par un outil de production sous-dimensionné. Et pourtant, son dessin si particulier, aux antipodes des productions de l’époque, avait séduit les acheteurs. Dommage.

    Raymond Loewy, designer et le président de Studebaker, Sherwood Egbert à côté de la Studebaker Avanti

    Raymond Loewy, designer et le président de Studebaker, Sherwood Egbert à côté de la Studebaker Avanti

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