Harley J. Earl. Ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose et pourtant cet homme est le père de nombreux chefs d’oeuvre de l’automobile à commencer par la première Chevrolet Corvette ou la Cadillac Eldorado.
Harley J. Earl (1893-1969)
Styliste automobile américain, il a créé le premier studio de style d’un constructeur automobile et est devenu vice-président de la General Motors de 1937 à 1959. Harley Earl sera celui qui imposera les fameux ailerons des voitures américaines des années 1950.
Baigné dans l’automobile dès son plus jeune âge
Le père de Harley Earl commence par construire des carrosses en 1889 et fait évoluer son activité au fur et à mesure que le secteur de l’automobile se développe. C’est en 1908 qu’il fonde la société Earl Automotive Works qui se consacre à la production de carrosseries sur-mesure pour les stars hollywoodiennes de l’époque.
Harley Earl interrompt rapidement les études qu’il avait entreprises à l’université de Stanford pour rejoindre la compagnie de son père et s’y former. Il finira par prendre naturellement la succession de la direction.
De Earl Automotive Works à Cadillac
Maquette en argile
En 1925, la société de Harley Earl se fait rachetée par un distributeur Cadillac qui maintient Harley à la direction de l’atelier de carrosserie. A cette occasion, il rencontre régulièrement Lawrence P. Fisher, le Manager Général de la division Cadillac. Fisher, est impressionné par les réalisations et la méthode de travail de Harley, qui utilise de la pâte à modeler, pour ses études de lignes de carrosserie.
L’homme fort de la section Art and Colour
Cadillac LaSalle – 1927
Earl entre à la General Motors en 1925. Très vite son coup de crayon produit ses effets avec la magnifique Cadilac LaSalle en 1927. Cette réalisation connait un franc succès, si bien que le Président de la General Motors l’engage à la tête d’un service créé sur-mesure pour lui, la section Art & Colour.
Plus de dix ans plus tard une autre auto fait parler d’elle : la Buick Y-Job. C’est le premier concept car dont objectif est de déterminer si le public est prêt à accueillir de nouvelles lignes et de nouvelles idées.
Buick Y job – 1937
Précurseur, il introduit la peinture au chrome et l’utilisation de l’argile pour la conception de ses modèles. Pourtant le design n’est donc pas une priorité pour les mentalités de l’époque. Malgré les réticences des cadres et ingénieurs de la General Motors, le service Art & Colour réussit en 10 ans à récupérer jusqu’à 50 % du marché automobile.
La vice-présidence de la GM et un concept : l’obsolescence dynamique
En 1937, Harley Earl est promu Vice-Président de la General Motors. Avec le président, Earl met de nouvelles façon de faire et de penser en place qui vont révolutionner l’industrie automobile et seront finalement adoptée par l’ensemble des principaux constructeurs mondiaux.
L’obsolescence dynamique : un concept marketing selon lequel la compagnie va lancer un nouveau modèle par an et qui permettra au groupe de gagner des parts de marché. C’est ainsi que General Motors crée le fameux salon de l’auto itinérant : Motorama GM de 1953 à 1961. Il a pour vertu de présenter toutes les nouveautés et concept cars du groupe. Un choix judicieux qui se reflète immédiatement dans le nombre de ventes de voitures. Ainsi verront naître des concept cars très novateurs comme la la Buick LeSabre en 1951, qui sera pendant deux ans la voiture personnelle d’Harley Earl, la Odlsmobile Golden Rocket en 1956, ou encore la série des Firebird avec leurs moteurs à turbine à gaz inspirés par le monde de l’aéronautique.
GM Buick Le Sabre – 1951
Oldsmobile Golden rocket – 1956
Firebird III avec son moteur à turbine à gaz – 1959
Un univers des fusées omniprésent qui favorisera la naissance du concept des ailerons de Cadillac : les fameux tail fins.
Cadillac Eldorado – 1959
Harley Earl n’hésite pas également à féminiser les bureaux de style pour être au plus près des attentes des clients. Une révolution. Avec Earl fini la voiture noire de Tonton Ford, les intérieurs s’habillent aussi de couleurs.
Et en 1953 naquit la Corvette
En janvier 1953, Earl sort de l’usine la Chevrolet Corvette, une voiture en fibre de verre, choix totalement novateur pour une voiture de série. Dès sa présentation la Chevrolet Corvette surprend par la beauté de son design. Présentée au Motorama GM dans les salons du prestigieux hôtel Waldorf Astoria de New York, la Corvette fait sensation parmi des dizaines de show cars illustrant le futur de l’automobile américaine.
Chevrolet Corvette au Motorama de 1953
Pourtant ce petit roadster n’a pas une base mécanique des plus innovantes. Châssis de Chevrolet Bel Air raccourci, six cylindres ” Blue flame” de 150 cv, boîte auto 2 rapports. Devant l’enthousiasme des visiteurs, Général Motors décidé de lancer une petite production de 300 exemplaires. Le processus de fabrication de l’usine de Flint reste très artisanal. La Corvette est tout d’abord livrée couleur Polo white avec intérieur en Skaï rouge. Les couleurs noir, bleu et rouge sont proposées à partir de 1954. Bien vite, sous l’impulsion de l’ingénieur Duntov, un V8 est installé pour en faire une vraie voiture de sport et une des plus grandes réussites du 20ème siècle tant par son côté visionnaire que stylistique.
Une fin de carrière innovante jusqu’au bout
Mais en 1957 Harley Earl perçoit un changement de production à opérer et veut s’orienter vers les petites voitures, telles que la Volkswagen Coccinelle et les petites japonaises, qui inondent alors le marché. Earl n’est pas soutenu par les ingénieurs et cadres de la GM qui considèrent que cette orientation n’est pas pertinente.
Il quitte alors General Motors en 1958 non sans lancer un dernier concept Car et une innovation : la Cadillac Cyclone. Cette dernière a comme particularité de disposer d’un radar anti-collision. Ca ne vous rappelle rien ?
Cadillac Cyclone – 1959
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