Dans les années 60, les voitures à toit profilé dit fastback ne se dément pas, mode lancée par la mythique Ford Mustang et la Barracuda et sa lunette arrière si particulière. Ainsi, chez American Motors, la tendance du toit profilé ne passe pas inaperçue. Faute de moyens, la marque décide de bricoler un nouveau modèle, en utilisant la carrosserie de la Classic 3+3, pour lui greffer un toit profilé. On lui donne le nom d’un poisson, le Marlin, sorte d’espadon.
American Motors est créé en 1954 lors de la fusion de Nash Kelvinator et de Hudson. Le nouveau groupe concentre ses efforts sur la gamme Rambler, en abandonnant dès 1957 les autres productions Nash et Hudson. La Rambler trouve son marché face aux encombrantes voitures des trois autres grands constructeurs américains, Ford, General Motors et Chrysler. Ce n’est qu’à la fin des années 50 que la concurrence s’intéresse à ce créneau des compactes, mais Rambler y est déjà solidement implanté. En 1960, la marque Rambler occupe le quatrième rang sur le marché américain derrière Chevrolet, Ford et Plymouth. La gamme s’étoffe vers le haut avec la série Ambassador.
Un concept car plein de promesses
À cette époque, American Motors jouait le rôle de suiveur et scrutait tout ce que produisait Détroit. Les designers de cette époque sont jeunes et l’idée de produire une voiture pour les jeunes aiguisent les neurones. Le concept car Tarpon voit le jour en janvier 1964.
Richard Teague a été designer automobile chez AMC pendant 26 ans. Il était responsable de certains des véhicules intemporels d’AMC. Il décrit le développement de la conception fastback : “Nous avions à l’origine une voiture appelée Tarpon, qui aurait dû être produite … C’était vraiment une voiture soignée, un petit fastback serré. Nous l’avons montré à la convention de la SAE Society of Automotive Engineers (SAE) et tout le monde a été emballé! Sa planche de bord avait une panoplie complète d’instruments, typée sport, des sièges baquets, des roues en aluminium poli et la carrosserie était peinte vermillon avec des particules d’or. Mais la chose qui a tué le Tarpon était le fait que nous n’avions pas de V8 à ce moment-là … “. Le président d’AMC, Roy Abernathy n’aimait pas les petites voitures. Il ne jurait que par les grosses berlines. et décide de mettre la Tarpon sur une base de Rambler Classic. Teague se rattrapera plus tard avec avec l’AMC AMX.
Suite à cette décision, la Tarpon perd son équilibre de ligne, son assiette est déséquilibrée avec un arrière très long. Sa taille passe de 4.57 à 4.95 m. Elle dispose d’un 6-cylindres de 3.8 litres de 155 ch, d’un V8 de 4.7 litres de 198 ch et d’un V8 de 5.4 litres de 270 ch. Il fallait que cette auto puisse accueillir une famille de cinq. Bob Nixon, l’un des designers qui a participé à la conception de la Marlin, déclarera plus tard que dessiner la Marlin “c’était comme construire une Corvette sur un chassis de Buick”.
Des ventes en chute libre dès la 2ème année
La première année en 1965, la Marlin se vend à 10 327 exemplaires et 6 et 8 cylindres. Les Marlin, 1965, avaient un prix de vente débutant à 3 100 US soit 600$ de plus qu’une Mustang ! La deuxième année, elle perd son partronyme Rambler pour devenir AMC, mais tout s’écroule avec des ventes s”élevant à 4 547. Les changements cosmétiques apportés aux modèles 1966 sont limités à une nouvelle calandre en aluminium, une barre stabilisatrice ajoutée aux modèles six cylindres et un toit de vinyle noir, offert en option. Afin de relancer les ventes, le prix de la Marlin est diminué de 500,00 $, soit 2 600,00 $, alors que le nom Rambler fut remplacé par celui de AMC. Cette diminution de prix n’est possible qu’avec la suppression d’équipements de base comme le servofrein. Comme la Studebaker Avanti, la carrière de la Marlin dure 2 ans et s’achève en 1967.
Paradoxalement, le modèle 67 – désormais sur un chassis d’Ambassador – est le plus abouti et le plus élégant avec une grille de calandre noire, décorée par une barre chromée qui soutient deux phares antibrouillards et des feux de route superposés.
Et comme la Marlin n’est pas à un paradoxe près, comme toutes les mal aimées, Edsel, Studebaker… elle est aujourd’hui très recherchée par les collectionneurs.recherchée par les collectionneurs.
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