Une exposition consacrée à la Nouvelle vague se tient à la galerie Joseph dans le IIIè arrondissement de Paris jusqu’au 16 septembre 2018. L’occasion de découvrir le travail formidable du photographe Raymond Cauchetier.
Raymond Cauchetier a 99 ans aujourd’hui. Avec Georges Pierre, décédé en 2003, il a couvert 95% des films de la Nouvelle Vague. : Godard, Truffaut, Chabrol, Resnais… « On ne savait pas qu’on vivait des moments exceptionnels » avouera-t-il.
Les portraits notamment sont magnifiques, Jean Seberg est sublime et Belmondo s’installe comme la gueule de cinéma français
Ses photos ont fait le tour du monde et pourtant il est resté inconnu, car l’auteur n’était jamais crédité, il fallut plus de 50 ans pour qu’il en récupère une partie des droits et fasse connaitre son nom.
Sa vie est un vrai film. Son seul diplôme est celui de l’école primaire. Il fut résistant pendant la guerre, participa à la libération de Paris, fut chef du service de l’information du commandement de l’air en Indochine et publia à 10 000 exemplaires un premier album Ciel de guerre en Indochine. Il constitua également une énorme archive de 3.000 photographies du patrimoine indochinois à la demande du roi du Cambodge, trésor aujourd’hui disparu car détruit par les Khmers rouges lors de la prise du palais royal.
Retour en images sur les photos marquantes du photographe :
Dans A bout de souffle le baiser hâtif en septembre 1959 entre Seberg et Belmondo marquait le terme d’un long panoramique filmé du dernier étage des Champs-Elysées. «Il était quasi invisible vu des toits, raconte le photographe Raymond Cauchetier. Il m’a semblé que ce bref instant pouvait résumer l’esprit du film et j’ai demandé aux comédiens de rejouer la scène. » Un cliché largement repris pour la promo du film.
Toujours dans ce même film lors du premier jour de tournage de Jean Seberg. Dans un café, elle fait face à Godard, qui lui montre un cahier griffonné. « Que dois-je dire, que dois-je faire ? », s’affole la comédienne. « Je vous le dirai pendant le tournage », lui répond le réalisateur. « Elle était paniquée par la façon de travailler de Jean-Luc Godard », détaille Raymond Cauchetier. Quant à Belmondo, présent depuis une semaine, il sait que le tournage se déroule dans l’improvisation la plus totale. « Il était toujours agréable et souriant. C’est l’une des personnes les plus sympathiques que je connaisse, qui n’a jamais pris la grosse tête. »
Dans Adieu Philippine film de 1960, Jacques Rozier dirige un travelling sur le toit d’une 2 CV, à Calvi, en Corse. «Le chef opérateur Roger Mathelin découvre que la suspension est idéale pour remplacer les chariots de travelling, à condition de la lester lourdement, raconte Raymond Cauchetier. Toute l’équipe technique est montée pour une prise de vues sur un chemin cahoteux, en dégonflant les pneus de la CV. »
Un choix de photos difficile à faire tant les clichés noir et blanc sont magnifiques, témoins d’une époque insouciante où le cinéma français marquait son époque.
Exposition Icônes de la Nouvelle Vague aux années 1970, jusqu’au 16 septembre 2018 à la Galerie Joseph, 16, rue des Minimes (IIIe). Ouvert tous les jours de 10 heures à 20 heures. Entrée libre.
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