Dans les années 50, les carrossiers avaient la possibilité d’acheter des chassis chez les constructeurs afin de proposer des modèles « vitrine ».
Ainsi, en 1953, le patron de Ghia, Luigi Segre, commande deux châssis de Cadillac Series 62, modèle d’entrée de gamme chez la marque de General Motors. Conçue par Harley Earl cette classic car était un véhicule de luxe qui pouvait transporter six personnes confortablement. La voiture était une décapotable avec toit rétractable. Les phares s’allumaient à la tombée de la nuit et passaient des feux de route aux feux de croisement lorsqu’ils détectaient le trafic venant en sens inverse. Au total, il y avait huit feux à l’avant du véhicule. Elle était dotée, cela va sans dire, d’un grand V8 de 5,4 litres de 210 chevaux . L’idée était de proposer au Salon de Paris un concept car badgé General Motors.
Un design européen pour une caisse américaine
L’équipe de Segre se met au travail pour proposer un coupé élégant dans la lignée des chef d’œuvres aperçus avec l’Alfa Romeo 1900 Sprint Speciale Supergioiello et la Chrysler D’elegance en 1952, amorcée par le talentueux Virgil Exner et terminée par Ghia.
Deux voitures sortiront de l’atelier. Aujourd’hui elles subsistent en noire et or et en teinte « bourgogne ». Nul ne sait de quelle couleur initiale étaient ces véhicules en témoigne la couverture du magazine « Road and Track ».
Rita Hayworth en femme gâtée…
La première est propriété de l’Impériale Palace Collection de Las Vegas. La légende veut que ce modèle noir est appartenu à l’iconique Rita Hayworth, cadeau de son époux, homme le plus riche du monde, le prince Aly Khan, fils du sultan Aga, qui l’aurait acheté sur le stand du salon automobile de New York pour elle. La voiture est aujourd’hui connue sous le nom de Rita Hayworth Cadillac.
Un second rôle dans Iron Man 2
La seconde, à roues à rayons, est la propriété du Petersen Automotive Museum de Los Angeles. On l’aperçoit aux côtés de Robert Downey Junior et Gwyneth Paltrow dans le film Iron Man 2.
Son premier propriétaire n’était autre que John Perona, propriétaire de la célèbre discothèque El Morocco de Manhattan.
Le concept avait la direction assistée, les vitres électriques, les sièges réglables électriquement, une antenne automatique, un servofrein, verre teinté et l’oeil Autronic, pour l’allumage ou la réduction automatique des feux. Les voitures modernes n’ont rien inventé.
Les goûts et les couleurs…
Les modèles ont été restaurés plusieurs fois et probablement modifiés. En effet, on doute que Ghia ait fait un modèle en or anodisé ! Les jantes en aluminium ne furent disponibles qu’à partir de 1956 et les roues à rayons proviennent de l’Eldorado de 1955. Le magazine Road & Track montre une voiture bleue avec des panneaux latéraux blancs, des roues avec chrome, des enjoliveurs et des pare-chocs avant sans cornes.
Les deux voitures, malgré leur taille, sont des coupés à deux places. Derrière les sièges de chaque voiture se trouve un ensemble de bagages sur mesure – une idée que Ghia a également utilisée dans le concept D’Elegance. Le tableau de bord des deux voitures reprenne celui de la 62, avec un indicateur de vitesse proéminent, plus une radio centrale et un haut-parleur. Seule la banquette a été remplacée par deux sièges. L’élégance, plutôt que la haute performance. RM Auctions a estimé cette beauté à 1,5 million de dollars. Le prix de sa légende mystérieuse.
[…] la blesse profondément. Le couple divorce en 1953. Le Prince lui offrira en dernier la magnifique Cadillac Series 62 Ghia Coupe produite à seulement 2 […]