Le vélo c’est parfois comme les tableaux : ils deviennent mythiques après des décennies d’oubli. Le Bowden Spacelander est de ceux-là. Vélo aujourd’hui prisé des ventes aux enchères, ses lignes rétrofuturistes en font une icône.
Son génial inventeur, Benjamin Bowden , était un designer industriel anglais né en 1906 à North Kensington qui a œuvré pendant 20 ans, de 1925 à 1945, dans l’automobiles pour les groupes Racines et Humber.
On lui doit notamment la voiture blindée de Winston Churchill et de George VI mais également les lignes sport de la Healy Elliot, première voiture britannique à passer la barrière de 100 km/h, dont l’avant ressemble à s’y méprendre au vélo portant son nom.
Une technologie « hybrid »
En 1945, il quitte l’industrie automobile pour fonder l’un des tous premiers studios de design de Grande Bretagne dans la station thermale de Leamington. En 1946, il présente à l’exposition Britain can make it une bicyclette très aérodynamique qu’il nomme « The Classic ». La bicyclette est construite en aluminium. Elle a une transmission par cardan et inaugure un système de moyeux dynamo/moteur qui se charge dans les descentes et restitue l’énergie dans les montés (l’hybrid avant l’heure…). Cette bicyclette avant gardiste suscite l’intérêt du public mais sa conception très technique freine les revendeurs. Qu’à cela ne tienne, en 1949, Bowden a la possibilité de voir sa « Classic » fabriquée en Afrique du Sud. Malheureusement, les changements inattendus de politique d’importation sud-africaine font échouer le projet.
Un vélo en fibre de verre
Au début des années 1950, Bowden déménage dans le Michigan. Il veut surfer sur la notoriété du programme spatial américain. Il finalise le concept de son vélo aux lignes futuristes, moulé en fibre de verre, et dépose un brevet en 1951.
Parallèlement, Bowden travaille à la conception de la Ford Thunderbird 1955. Le vélo est mis en production en 1960. Son nom : Spacelander.
Il est proposé en cinq couleurs : Charbon de bois Noir, les Falaises de Douvres Blanc, Pré Vert, Espace Bleu et Stop Rouge. Son prix à l’époque : 89 dollars (soit l’équivalent de 643 euros aujourd’hui).
Mais les problèmes financiers du distributeur, l’obligent à le mettre en vente trop vite avant qu’il soit complètement finalisé. Le vélo souffre de quelques problèmes de conception et devient un échec commercial après seulement 522 ventes.
Baroud d’honneur, Bowden lance le Bowden 300 qui était plus en phase avec les besoins des années 1960. Ce partenariat échoue également après seulement 10 ventes.
Ce qui est rare est cher : 20 000 euros
Au début des années 80, un regain d’intérêt pour le Spacelander comme un objet de collection incite deux amateurs de vélo , John Howland et Michael Kaplan à acheter les droits sur le nom Spacelander de Bowden . Ils fabriquent un petit nombre de reproductions et pièces de rechange. La première reproduction est vendue en 1988 pour 4000 dollars. Les Spacelander & 300 d’origines, très recherchés par les collectionneurs affichent aujiourd’hui des prix allant jusqu’à 20 000 euros.
Benjamin Bowden, décédé en 1998, doit s’en retourner dans sa tombe. Comme quoi, il faut toujours croire en ses idées.
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