La gazette d'Hector

Est-il besoin encore de présenter Bettie Page, fantasme joyeux de l’Amérique puritaine des années 50 ? Et pourtant, se pencher sur  l’enfance de la jeune Bettie à Nashville – Tennessee c’est découvrir un monde sordide. Née en 1923 d’une famille sans le sou, dont les repas se résument à des patates, des haricots et des macaronis, Bettie doit vivre avec un père incestueux et une mère dépassée par ses cinq enfants.

Bettie Page

Cette dernière préférera placer ses trois filles à l’orphelinat pour les préserver de leur monstrueux père et les faire manger à leur faim.

Les études comme exutoire

On peut se demande comment ce passif familial n’a pas affecté la scolarité brillante de l’icône des pin up. Elle décroche pourtant son diplôme le 6 juin 1940 et arrive deuxième. Ce qui lui vaut l’obtention d’une bourse.  Elle s’engage au College Peabody, afin de devenir enseignante. Peu après, elle essaie les arts dramatiques, espérant devenir une star. Elle obtient le Baccalauréat option arts en 1943. Elle épouse Billy Neal, compagnon de lycée et gloire du sport local, mais la quitte pour un service actif durant la Seconde Guerre mondiale. Souffrant d’un stress post-traumatique, il revient changé, jaloux et violent si bien qu’ils finissent par divorcer en 1947.

Elle monte à New York où elle survit grâce à des petits boulots. Elle essaie de rentrer dans la célèbre agence Ford qui la refuse : « Vous ne pourrez jamais être mannequin. Vous n’êtes pas assez grande, et puis vous avez trop de hanches ! » lui dit-on alors.

En octobre 1950, alors qu’elle marche le long du rivage de Coney Island, elle rencontre Jerry Tibbs, un officier de police, photographe amateur, avec qui elle fait son premier book de pin-up. C’est à lui que l’on doit la fameuse frange destiné à cacher son grand front. Page devient rapidement un modèle populaire et en 1951 apparaît dans les magazines de Robert Harisson : Wink, Titter, Eyefull et Beauty Parade.

La Reine du fétichisme et playmate janvier 1955

En 1952, elle rencontre le photographe Irving Klaw et devient, grâce à lui, l’étoile montante de l’érotisme. Elle apparaît dans des mises en scène bondage et sadomasochistes en noir et blanc commandées par des clients. Deux heures de pose lui font gagner plus qu’un salaire mensuel de secrétaire. Elle connait alors une popularité immense, Bettie Page a quelque chose en plus. Toujours souriante, elle respire la vitalité et la joie : « J’adorais poser, c’était naturel » dira t-elle. « Elle était la seule à avoir ce mélange de provocation et de gentillesse »  souligne Hugh Hefner, patron de Playboy.

En 1954, elle fait la rencontre de la photographe Bunny Yeager. Celle-ci réalise des photos  de nus avec Bettie à 7h00 du matin sur la plage de Miami, profitant de la tranquillité des lieux. La beauté de Bettie Page fait l’unanimité, elle bronze tous les jours sur les plages de Floride et s’astreint à trois séances de sport par semaine. Son corps en forme de sablier font d’elle un modèle à part.

Les deux femmes réalisent ensuite une séance de photo au parc Africa USA in Boca Raton en Floride (aujourd’hui fermé). La série de photo, devenue célèbre sous le nom de Jungle Bettie, comprend des photos de nus en compagnie de deux guépards. La peau de léopard portée par Bettie Page est confectionnée par elle-même, comme beaucoup de ses bikinis et lingeries. Bettie Page devient la Playmate du mois de janvier 1955 pour Playboy, nue avec une coiffe de Mère-Noël.

L’Amérique puritaine  et Dieu

En 1957, à la suite d’une commission d’enquête du Sénat contre la pornographie devant laquelle elle doit comparaître avec son protecteur et ami  Irving Klaw, photographe et réalisateur fétichiste, connu pour ses ventes par correspondance de photographies et de films de femmes dénudées. La magie est dissipée. Elle a alors 34 ans. Elle reprend contact alors avec un de ses anciens petits amis Armond Walterson en 1958 mais divorce une deuxième fois en 1963. C’est à l’issue d’une de ses disputes qu’elle se réfugie dans une église sur White street à Miami. Elle y rencontre Dieu : « J’ai pleuré sur tous mes péchés » dira t-elle. Se sentant attirée par une force irrésistible, elle se tourne vers la religion et passe un diplôme de théologie dans le but de devenir missionnaire. Elle ne pourra jamais atteindre son rêve étant femme divorcée.

Remariée une nouvelle fois en Floride à Harry Lear, un homme divorcé, père de trois enfants, elle peine à construire une vie de couple. Harcelée au téléphone par la mère des enfants de son mari, divorce à nouveau en janvier 1972 après avoir menacé son mari de le poignarder s’il cessait un seul instant de contempler une image du Christ.

Bettie Page illustration

Son frère organise son éloignement en Californie, elle est de plus en plus confrontée à des hallucinations auditives de « Dieu et du Diable ». Au cours d’une nouvelle altercation relative à une quittance de loyer, elle poignarde de vingt-sept coups la propriétaire de son logement, qui survit. Elle est inculpée de tentative d’assassinat mais est jugée irresponsable. On lui diagnostique une «schizophrénie paranoïde». Elle est internée au Patton State Hospital à l’Est de Los Angeles. Elle en sort 8 ans plus tard en 1992.

Une fin de vie riche

A sa sortie, Dave Stevens, illustrateur et auteur de la bande dessinée Rocketeer , dont l’Héroïne est inspirée de Bettie Page,  sollicite Hugh Hefner, le patron de Playboy,  afin qu’il l’aide à contrôler la « Bettie Page mania ».

A cette époque, Bettie Page ne touchait aucunes royalties. Hugh Hefner sollicite alors l’un de ses avocats afin que Bettie puisse enfin toucher les dividendes liés à l’exploitation de son image : photos, figurines, films….
Cette période fut la plus gratifiante de sa vie et ce jusqu’à sa mort le 11 décembre 2008.
Victime d’une attaque cardiaque à Los Angeles à l’âge de 85 ans, elle est enterrée au Westwood Village Memorial Park Cemetery de Los Angeles.

The Official Bettie Page Tribute Video

Betty Page dances Her Sacred Shimmy Dance

Something Weird Striporama Betty Page Speaks

Bettie Page

Bettie Page - 1950

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